Jean-Marie Le Pen et l’anarchisme : des liens qui peuvent surprendre. Pourtant, au cours de sa carrière, le dirigeant nationaliste a fait des multiples références à l’anarchisme, entre fascination et récupération opportuniste. Après l’attentat à Charlie Hebdo, il affirmait, certes, à l’organe de presse poutinien, Komsomolskaïa Pravda : «Je ne suis pas Charlie, ce journal anarchiste était l’ennemi direct de notre parti le Front national» (16 janvier 2015). Mais d’autres éléments jettent le trouble.
Entre 1963 et 2000, Le Pen a dirigé la société d’études et de relations publiques qui servait de paravent pour diffuser de la musique d’extrême droite, comme l’a montré l’historien Jonathan Thomas (2). Mais une condamnation pour apologie de crime de guerre oblige la société à se diversifier. En plus des discours De Gaulle et de Lénine, deux disques des quatre Barbus, chansonniers en vogue, consacrés à la chanson anarchiste et à la Commune de Paris sont édités. Cela donne l’occasion à Le Pen de rencontrer des libertaires et aiguise son intérêt pour l’anarchisme.
A près de 53 ans il réalise alors un mémoire de diplôme d’études supérieures de sciences politiques (équivalent d’un master actuel) sur le courant anarchiste en France depuis 1945. Et le soutient en février 1971 devant le très réputé et controversé professeur de droit Maurice Duverger, ancien membre des Jeunesses du Parti popul