Nous venons de vivre quinze douloureux jours dans l’unanimisme olympique où ceux qui ne participaient pas à cette «magie des Jeux» étaient taxés tantôt de «rabat-joie», tantôt de «peine-à-jouir». Il existe donc une tyrannie de la joie officielle qui ostracise et condamne ceux qui n’y sont pas réceptifs. Dans ce contexte, chacun était tenu d’exprimer le plus grand enthousiasme à l’égard des exploits sportifs même s’il n’adhérait pas à ce vain esprit de compétition. Pour ne pas subir la foudre de l’opprobre, chacun devait feindre que l’artifice de cette fièvre collective allait réparer tout ce qui était abîmé, et bien plus encore. Au terme de cette exaltation populaire programmée, le monde irait enfin mieux.
Le contentement camouflait le moins glorieux
Pourtant ce monde savait pertinemment, quand il s’autorisait la clairvoyance, que la tonitruance d’un tel événement mondialisé était le contraire d’une guérison : le sport spectacularisé à cette échelle concentrait tous les ingrédients propices à l’accélération de notre chute. Le culte de la performance individuelle, dont on peut raisonnablement se demander quelle est la pertinence sinon de sombrer toujours plus dans la surenchère du sensationnalisme et l’hypertrophie des ego, était au service du