John Merriman nous a quittés le 22 mai 2022. Pour celles et ceux qui l’ont connu, famille, proches, collègues, étudiantes et étudiants, amies et amis, la perte est terrible. John était un immense historien. Un dénicheur d’archives hors pair – il avait arpenté toutes les archives départementales de France –, archives qu’il analysait de manière subtile et compréhensive, en dépit de ses constantes dénégations. «Non non, répétait-il souvent, ce n’est vraiment rien, ce n’est pas terrible.» Il savait pourtant redonner vie comme personne aux mondes populaires, aux anonymes, aux opprimés et aux rebelles, ainsi qu’aux colères, aux désirs de justice et aux milles arrangements par lesquels chacun cherche à rendre son univers vivable et signifiant, fût-il frappé par la misère la plus terrible.
John Merriman aura participé de manière audacieuse et singulière aux grandes aventures historiographiques des quarante dernières années, qu’il s’agisse de la sociologie historique, de l’histoire urbaine et rurale, de la «nouvelle» histoire culturelle, de l’histoire politique ou encore de l’histoire sociale qu’il n’abandonna jamais, parce que seule sensible, selon lui, «à l’expérience réelle des gens dans le temps et l’espace». Ce prodige était rendu possible par une écriture très singulière, claire, précise, attentive aux détails, toujours incarnée. Dans une recension de 1991, Alain Corbin y voyait un travail précurseur d’anthropologie politique de la France du XIXe siècle.
De la Renaissance européenne à la Commune de Paris
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