Nous sommes loin du film de Zapruder, vidéo amateur qui, en 1963, captura à la dérobée l’assassinat scénique de John Fitzgerald Kennedy. Ces 26 secondes de pellicule avaient éclaboussé l’Amérique et le monde d’une violence politique inexpugnable avant de devenir un nouvel épisode de la superproduction mythologique des Etats-Unis. A saturer l’espace de ces images, le pays invente son récit, celui de l’innocence frappée en plein vol. L’image de Trump, l’oreille coupée et le poing vengeur, est pourtant à son tour devenue l’icône et le mirage qui paralysent l’esprit critique et désarme la politique. Soudain, un chœur unanime répète que «c’est un tournant dans la campagne», que Trump a tout de même été «courageux», «admirable», d’un «sens politique inouï», tellement plus «solide» et «fort» que le président Biden. Plus encore, on découvre ébahi que le pays est terriblement «divisé», «polarisé» comme jamais, désormais en proie à une violence civile dont tous sont coupables et dont Biden lui-même a dû s’excuser. Trump, lui, racheté de toutes ses fautes, appelait, dit-
TRIBUNE
La béatification monstrueuse de Donald Trump, par Sylvie Laurent
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Donald Trump à Milwaukee, mercredi 17 juillet. (Evan Vucci/AP)
par Sylvie Laurent, historienne
publié le 19 juillet 2024 à 9h33
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