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TRIBUNE

La création de la Sécurité sociale en 1945, une fausse révolution ?

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Contrairement à une légende construite a posteriori, la Sécurité sociale ne fut pas une conquête ouvrière ou syndicale, mais bien la décision d’un Conseil national de la Résistance pluraliste, rappelle Olivier Faure, historien de la santé.
En 1945, lors d'une conférence de presse avec Ambroise Croizat (1901-1951), ministre du Travail, et avec, à sa droite, Pierre Laroque (1907-1997), juriste, réformateur de la Sécurité sociale. (Lapi/Roger-Viollet)
par Olivier Faure, historien et professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Lyon III.
publié le 2 mai 2025 à 6h15

Contrairement à deux idées reçues, la création de la Sécurité sociale par l’ordonnance d’octobre 1945 est loin d’être le premier acte de la protection sociale française. Bien plus, elle a été obligée d’intégrer l’existant et les forces en présence. Elle résulte donc tout autant de compromis que d’une affirmation volontaire et unilatérale de la part du pouvoir politique.

En légiférant sur la protection sociale, le gouvernement provisoire renoue avec les initiatives de ses prédécesseurs. Ce sont les gouvernements de la IIIe République qui au tournant du XIXe et XXe siècle ont bâti un système d’assistance dans lequel les collectivités publiques sont tenues de venir au secours des personnes privées de ressources en cas de maladie (1893), de vieillesse et d’infirmité et incurabilité (1905). Ce système assistanciel financé par les pouvoirs publics et qui survit jusqu’à nos jours avec l’aide médicale d’Etat ne disparaît pas avec la mise en place de la Sécurité sociale, mais sa part se réduit à ceux qui sont exclus du monde du travail.

Les travailleurs, eux, n