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TRIBUNE

La crise des transports collectifs menace le fragile équilibre habitat-travail des Franciliens

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Grand Paris, en chantierdossier
Les dysfonctionnements des RER et métros révèlent la dissociation entre les lieux d’activité et de vie. Les habitants du Grand Paris ont inventé, à leur façon, un modèle alternatif qui tente d’équilibrer opportunités et rudesses de la métropole. C’est cette vie en archipel qui est mise en péril.
Sur le quai de la gare d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), lors du mouvement de la grève d'octobre 2022. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
par Daniel Behar, Géographe à l'Ecole d’urbanisme de Paris
publié le 24 janvier 2023 à 18h24

A trop fréquenter l’espace médiatique, on pourrait penser qu’en région parisienne, l’heure est avant tout au développement des mobilités douces (marche à pied, vélos ou trottinettes), et que le slogan porté par Anne Hidalgo pour sa réélection – la Ville du quart d’heure – est en passe de se réaliser. La crise actuelle des transports collectifs (métro, RER ou trains de banlieue particulièrement) vient utilement remettre les pendules à l’heure.

Elle souligne en premier lieu combien tout est affaire de point de vue, géographique et social. Il est légitime de promouvoir «la ville du quart d’heure» – c’est-à-dire la capacité à organiser sa vie à moins d’un quart d’heure de son domicile – lorsqu’on est élu de Paris : près de trois actifs parisiens sur quatre ont leur emploi à Paris intra-muros. Cela l’est beaucoup moins en Seine-Saint-Denis où à peine un tiers des actifs résidant dans ce département y travaille. Les habitants de la Seine-Saint-Denis, soutiers de la métropole, sont donc en première ligne face à cette crise des transports.

Il ne faut pas pour autant s’arrêter à cette vision reflétant le paysage bien connu de la ségrégation socio-spatiale en Ile-de-France. L’impact social de ces dysfonctionnements est plus complexe. Parce que les transports lourds (métro, RER) dess