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TRIBUNE

La défense européenne, motif de crise majeure en cas de cohabitation Macron-Bardella

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La Constitution réserve des compétences au gouvernement en termes de défense et de politique étrangère. Pour l’historien Yannick Pincé, Emmanuel Macron pourrait, comme Mitterrand avant lui, prendre l’ascendant sur le Premier ministre en prenant à témoin une opinion inquiète face à la menace russe et favorable au soutien à l’Ukraine.
Des avions mirage 2000 de l'armée de l'air lors d'un exercice de ravitaillement en vol, en mars 2023. (Marine Gonard /Hans Lucas. AFP)
par Yannick Pincé, historien chercheur associé au centre interdisciplinaire sur les enjeux stratégiques (CIENS)
publié le 13 juin 2024 à 19h45

Les élections législatives annoncées par surprise au soir des européennes peuvent aboutir à une cohabitation entre Emmanuel Macron et un gouvernement Rassemblement national dirigé par Jordan Bardella. Chacun pense alors voir le Président se replier sur son «domaine réservé» en matière de défense et de politique étrangère. Or on oublie souvent que la Constitution attribue des compétences au gouvernement dans ces domaines.

Le 26 mars 1986, lors d’un entretien préalable au premier Conseil des ministres de la cohabitation, François Mitterrand, le président de la République, s’était opposé vivement à Jacques Chirac, son Premier ministre : «Si vous insistez, je ferais un référendum là-dessus et je gagnerais.» Et enterrait toute participation française au projet de bouclier antimissiles américain, pourtant défendue par la nouvelle coalition portée au pouvoir sous la direction de Jacques Chirac dix jours plus tôt.

Emmanuel Macron s’apprête potentiellement à vivre un affrontement similaire sur des questions de défense puisque celles-ci, sans avoir été la motivation principale des électeurs, ont polarisé le débat des européennes ouvert par l’annonce de Marine Le Pen sur le souhait d’inscrire la dissuasion nucléaire «dans la Constitution comme élément inaliénable». Le Président a, de son côté, beaucoup mobilisé le thème de la défense européenne par sa proposition d’un «dialogue» avec nos partenaires, lequel pourrait inclure la dissuasion nucléaire. Il est même questi