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TRIBUNE

La hausse des droits de douane des Etats-Unis pourrait faire de Pékin le grand vainqueur des échanges mondiaux

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L’économiste Alexandra Roulet analyse les conséquences de la décision de Trump ; face aux nouveaux équilibres qui en découleront, elle exhorte l’Europe à ne pas se jeter dans les bras de la Chine.
Donald Trump à la Maison Blanche à Washington, le 18 avril. (Alex Brandon/AP)
par Alexandra Roulet, économiste
publié le 21 avril 2025 à 17h00

Donald Trump est obsédé depuis les années 80 par la question du déficit commercial des Etats-Unis, à l’époque avec le Japon, et a toujours vu les droits de douane comme une solution. Pourtant les économistes de droite comme de gauche sont unanimes sur l’absence totale de raisonnement économique qui sous-tend cette vision. D’une part le déficit commercial n’est pas en soi un problème. Par exemple, les Etats-Unis importent plus de biens d’Europe qu’ils n’en exportent, ils sont donc en déficit commercial, mais c’est l’inverse pour les services ! Le déficit commercial peut être aussi compensé par des flux financiers. C’est seulement entre la Chine et les Etats-Unis qu’on peut parler véritablement de déséquilibres. En particulier, les Chinois épargnent trop, en partie par précaution pour pallier les faiblesses du système de protection sociale.

D’autre part les droits de douane ne sont de toute façon pas une solution, a fortiori pour les citoyens du pays qui les met en place. Ils sont inflationnistes puisqu’ils renchérissent le prix des importations. Et ils détruisent de l’emploi puisqu’ils rendent les entreprises moins compétitives à travers le renchérissement des intrants et donc des coûts de production. Par exemple dans le cas des droits de douane sur l’acier, rappelons qu’il y a cinquante fois plus d’Américains qui travaillent dans des entreprises qui utilisent l’acier comme facteur de production qu’il n’y en a qui travaillent dans des usines qui produisent de l’acier.

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