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TRIBUNE

La loi «zéro déforestation» sacrifiée par la Commission européenne sur l’autel de la simplification ?

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Exemptions massives, baisse des exigences de traçabilité, allègement des obligations pour les entreprises et des contrôles notamment pour les pays les plus actifs dans le déboisement… Au nom de la compétitivité, la Commission européenne détricote la réglementation destinée à réduire notre empreinte écologique, alertent deux spécialistes en droit environnemental.
Le Brésil est l'un des principaux pays responsables de la déforestation. (Evaristo Sa /AFP)
par Nicolas de Sadeleer, professeur de droit à l'université catholique de Louvain, Saint-Louis et Gauthier Michiels, doctorant à l'université catholique de Louvain, Saint-Louis
publié le 25 juin 2025 à 10h55

Friands de bois tropicaux ainsi que de produits alimentaires liés à la conversion des forêts en terres agricoles à travers le monde, les Européens concourent indirectement à ce phénomène inquiétant. En effet, l’Union européenne (UE) est, en valeur absolue, le plus grand importateur mondial par habitant de produits de base dont l’exploitation contribue à la déforestation mondiale. Ainsi 248 000 hectares sont rasés chaque année en raison de leur consommation de produits aussi divers que le cacao, le café, le soja.

Pourtant, l’UE n’a pas croisé les bras. Dès 2005, elle a conclu des accords avec dix pays tropicaux en vue de restreindre l’accès à son marché aux seuls produits forestiers légalement exploités, obligation qui fut généralisée à partir de 2010. Si cette approche réglementaire a permis de favoriser une exploitation forestière plus durable, elle a néanmoins rencontré ses limites. D’une part, la légalité d’une concession forestière ne constitue pas forcément un gage de durabilité et, d’autre part, elle n’est pas parvenue à mettre fin à la déforestation d’