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La «médecine personnalisée» se soucie du corps et non de la personne humaine, par Didier Sicard

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Toute à ses promesses d’efficacité et de scientificité, la médecine moderne a standardisé ses traitements et a parfois oublié les patients.

«La médecine est devenue “l’héroïne” des temps modernes, aux deux sens du mot, son addiction et ses performances.» (Thom Leach /Science Photo Library. AFP)
Par
Didier Sicard
Professeur de médecine et ancien président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE)
Publié le 30/05/2023 à 18h55

Morte en début d’année, Danièle Brun, qui avait été professeure d’université, présidente de la Société de médecine et psychanalyse, a écrit tout au long de sa maladie sur sa «rencontre avec une médecine déshumanisée ». Dans Madame Vertigo et son cancer, elle décrit une médecine s’appuyant sur des techniques de pointe qui aurait totalement oublié les patients. Professeur de médecine et ex-président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), Didier Sicard parle à son tour d’une «standardisation, qui se revêt plutôt de façon très hypocrite du concept de médecine « personnalisée »». Jean-Claude Ameisen, médecin et ex président du CCNE lui aussi, souligne les problèmes posés par le grand dénuement de la santé publique aujourd’hui.

La médecine est devenue «l’héroïne» des temps modernes, aux deux sens du mot, son addiction et ses performances. Libérée de ses fonctions soignantes au sens éthique du terme, c’est-à-dire de l’attention portée à la souffrance de l’autre, la médecine, devenue scientifique, confie son activité à des protocoles réputés indiffé