Faut-il débattre avec Alain Finkielkraut, connu pour ses positions violemment antiféministes ? Cette interrogation fait suite à la participation de la journaliste féministe Victoire Tuaillon à Répliques, l’émission produite et animée par l’académicien réactionnaire. C’est en particulier l’annonce de la diffusion accompagnée d’un selfie où elle apparaissait souriante aux côtés de son hôte, qui a déclenché un tollé sur X. Avant même que l’émission ne soit disponible à l’écoute, le soupçon d’une complicité avec un adversaire idéologique, et donc de banalisation des idées extrémistes de celui-ci, a alimenté la plupart des critiques. Sur le fond, Victoire Tuaillon n’a jamais cédé, défendant pied à pied les idées antisexistes qui l’ont fait connaître.
Invitée à deux reprises (en 2016 et 2021) au micro d’Alain Finkielkraut, et bataillant de longue date sur les plateaux de télévision face à des interlocuteurs·ices d’extrême droite, je n’ai pas le souvenir d’avoir été exposée à des critiques du même ordre. Au contraire, j’ai reçu de nombreux encouragements, notamment de personnes qui comme moi appartiennent aux catégories dont la parole est habituellement ignorée des médias. En ce sens, j’ai souvent eu le sentiment de contribuer à une réparation symbolique. Avant ma première apparition sur un plateau de télévision en 2008 face à Eric Zemmour, j’avais dû subir le spectacle d’ora