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La perpétuité réelle, une peine de mort qui ne dit pas son nom

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Alors que Dahbia Benkired a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour le meurtre de Lola, cinq avocats au barreau de Paris, Romain Ruiz, Raphaël Kempf, Olivia Ronen, Martin Mechin et Martin Vettes estiment que ce châtiment est comparable à une version moderne de la mise à mort d’antan.

Vue des coursives de la prison prise le 31 janvier 2006 A la centrale de Clairvaux. Dans une lettre rendue publique la semaine dernière, dix condamnés à perpétuité de Clairvaux, se disant "emmurés vivants", ont appelé à un rétablissement de la peine de mort. (Jack Guez /AFP)
Par
Romain Ruiz, Raphaël Kempf, Olivia Ronen, Martin Mechin et Martin Vettes, avocats au barreau de Paris
Publié le 30/10/2025 à 14h21

Plus de quarante ans après l’abolition de la peine de mort, une peine d’un autre genre poursuit aujourd’hui le même objectif d’élimination. Si la guillotine a disparu, la prison à vie sans possibilité d’aménagement – dite perpétuité réelle – incarne une version moderne de la mise à mort d’antan. Le 24 octobre 2025, cette peine de mort plus lente, plus silencieuse, a pour la première fois été prononcée à l’encontre d’une femme, parachevant ainsi une inflation répressive qui a vu le nombre de condamnations du même ordre doubler depuis 2022. Entre logique sécuritaire, dérives populistes et désespoir carcéral, ce châtiment radical questionne et interroge quant à la persistance de réflexes punitifs archaïques dans un Etat qui se définit comme celui des droits de l’homme.

Une abolition inachevée

Le 9 octobre 1981, la France abolissait la peine de mort. L’événement, salué comme une victoire historique du progrès humaniste sur la barbarie d’Etat, posait pourtant les prémices d’une peine qui en est aujourd’hui l’équivalent. Certes, depuis 1981, le condamné à mort n’a plus la tête coupée, mais il n’aura pas f