Nous, écrivaines et écrivains, éditrices et éditeurs, libraires, lectrices, lecteurs, nous, auditrices, auditeurs, nous contribuables, citoyennes et citoyens avons appris la décision brutale et désolante de la direction de France Culture de supprimer à la rentrée l’émission de Manou Farine, Poésie et ainsi de suite, mettant par là même fin à la place historique donnée par cette radio à la poésie, place déjà réduite à peau de chagrin.
Cette émission, même dans son format resserré à une demi-heure hebdomadaire, offrait la seule fenêtre médiatique sur un champ essentiel de la création littéraire, vivier d’écrivains, espace de recherche, d’ouverture. Son animatrice possède une connaissance rare de ce vaste domaine et a toujours su ouvrir la porte à toutes et tous, dans des entretiens qui permettaient, contrairement à tant d’autres émissions, d’évoquer en profondeur la question de la langue, de la création. Poésie et ainsi de suite n’a cessé d’interroger le champ poétique en variant les approches et les esthétiques, les époques abordées, des grands classiques au champ contemporain dans toutes ses nuances, s’ouvrant à la relation avec les autres arts comme à la poésie étrangère, dans des épisodes denses en lien avec l’actualité poétique, littéraire, artistique, sociétale.
La poésie a besoin de personnes comme Manou Farine, sachant défricher au-delà des effets de mode
Il fut un temps où cette antenne, à travers les voix d’Alain Veinstein, Claude Royet