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TRIBUNE

La santé mentale, grande oubliée de la politique de la ville

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Santé mentaledossier
La prise en compte des souffrances psychiques ne figure pas dans le plan du Comité interministériel des villes, présenté le 27 octobre par Elisabeth Borne. Or les quartiers socialement défavorisés sont les plus touchés par ces pathologies, rappelle le psychiatre Antoine Pelissolo.
A l'unité psychiatrique du bois de Bondy (Seine-Saint-Denis), rattaché à l'établissement public de santé de Ville-Evrard, en mai 2020. (Loic Venance/AFP)
par Antoine Pelissolo, Chef du service de psychiatrie du CHU Henri-Mondor et 1er adjoint au maire de Créteil (PS)
publié le 8 novembre 2023 à 11h03

Certaines maladies psychiques comme la schizophrénie sont deux fois plus fréquentes en ville qu’à la campagne (1), et les facteurs socio-économiques constituent un déterminant essentiel de la bonne ou de la mauvaise santé mentale. Cumulant ces facteurs de risque, les quartiers dits «politique de la ville» (QPV) sont hélas les plus vulnérables aux troubles psychiques et devraient donc faire l’objet d’une attention toute particulière des pouvoirs publics. En réalité, l’accès aux soins est en général beaucoup plus difficile dans ces territoires qui n’ont rien d’attractif pour les professionnels de santé, qu’il s’agisse des hospitaliers ou des libéraux. On y constate couramment des délais de rendez-vous interminables dans les centres de consultation, voire une absence totale de prise en charge possible pour les adultes et encore plus pour les enfants et les adolescents.

La répartition des financements des services de psychiatrie de secteur, qui assurent normalement tous les soins de santé mentale essentiels d’un territoire donné, ne prend en compte les facteurs socio-économiques de la population qu’à hauteur de 9 % (2). Pourtant, les besoins de soins varient facilement du simple au double selon le niveau de vie et l