Un peu partout dans le monde, les systèmes de santé vacillent. La montée des populismes et des extrêmes détourne les principes fondamentaux du soin pour les transformer en outils de tri, d’exclusion, de répression. Aux Etats-Unis, à l’heure où l’utilisation de lois locales obsolètes interdisent l’accès à certains soins en fonction de l’origine, de l’orientation sexuelle ou du statut migratoire, on vient de voir la présidente de Médecins sans frontières international interdite de parole à l’université Columbia, du fait même des autorités de cette université.
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Le système de santé français, longtemps considéré comme l’un des plus justes et accessibles au monde, traverse lui aussi une crise profonde. Ce qui fut un pilier de notre modèle républicain devient, pour des milliers de personnes, un mur infranchissable. L’accès aux soins, censé être un droit universel, s’effrite à mesure que les logiques comptables remplacent les principes de solidarité. Le cri d’alarme que poussent aujourd’hui de nombreux acteurs de terrain est aussi un appel à la mémoire : nous avons su faire du soin une expression du droit et de la dignité. Pourquoi n’est-ce plus le cas ?
Depuis les années 1980, des organisations non gouvernementales comme Médecins du monde ont joué un rôle crucial pour faire émerger cette articulation entre médecine et droit, en France comme à l’étranger. D’abord mobilisées dans les pays du Sud, ces associations ont rapporté dans leurs bagages une méthode : intervenir là où les Etats a