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TRIBUNE

La «solitude», un problème de santé publique qu’il ne faut pas isoler du reste de la société

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Un récent rapport l’OMS pointe le danger sanitaire que représente l’isolement pour ceux qui le subissent, mais reste trop discret sur ses causes et l’environnement qui le favorise, déplore le sociologue Sylvain Bordiec.
En France, en 2011, la solitude est décrétée grande cause nationale. (Magali Cohen /Hans Lucas. AFP)
par Sylvain Bordiec, docteur en sociologie de l’Université de Paris 8 et maître de conférences à l’Université de Bordeaux
publié le 10 juillet 2025 à 19h11

«Le lien social n’est pas un luxe, mes amis», déclarait le 30 juin Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, en ouverture de la présentation du rapport «De la solitude aux liens sociaux : ouvrir la voie vers des sociétés plus saines». Emanation de la commission dédiée au lien social au sein de l’organisation, ce rapport s’inscrit dans une dynamique internationale d’attention officielle, et de plus en plus vigoureuse dans les pays capitalistes, pour ces thématiques.

En 2023, aux Etats-Unis, l’administration de la santé publique établit que le pays est frappé d’une «épidémie de solitude». Plus tôt, le Royaume-Uni crée, en 2018, le premier ministère de la Solitude, tandis qu’en France, dès 2011, la solitude est décrétée grande cause nationale. Cependant, jusqu’à présent, ici, le «problème» n’a pas débouché sur la création d’une instance nationale officielle.

Le document de l’OMS vient restituer une connaissance scientifique faisant désormais consensus : l’isolement et la solitude, ici respectivement présentées comme un déficit objectif de contacts sociaux