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TRIBUNE

La suppression du Hcéres : une attaque frontale contre les libertés académiques

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L’Assemblée nationale a voté jeudi 10 avril la suppression du Haut Conseil chargé d’évaluer le travail universitaire. Cette instance indépendante était vivement critiquée par une partie de la communauté académique. Pour le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, cette suppression est dangereuse et risque d’affaiblir le rayonnement international de la recherche française.
Coralie Chevallier (à g.) qui a été nommée présidente du Hcéres le 4 mars. Elle est ici avec la députée PS Fatiha Keloua-Hachi, à l'Assemblée nationale, le 19 février 2025. (Amaury Cornu/Hans Lucas)
par Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
publié le 11 avril 2025 à 18h11

Jeudi 10 avril, une alliance des extrêmes a voté pour la suppression du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) à l’Assemblée nationale, contre l’avis des universités et de nombreuses organisations représentatives. Par ce vote, ces partis ont montré leur vrai visage : celui du rejet des fondements mêmes de la recherche et de l’enseignement supérieur français.

Qu’est-ce que le Hcéres ? Une instance indépendante d’évaluation par les pairs de la qualité de la recherche et de l’enseignement. Une autorité créée à la suite des assises de l’enseignement supérieur en 2013 afin d’aligner la France sur les meilleurs standards internationaux. Une garantie d’impartialité dans l’évaluation des universités et laboratoires, qui bénéficient de près de 27 milliards d’euros d’argent public chaque année.

Que se passera-t-il demain si le Hcéres est effectivement supprimé ? L’obligation d’évaluation ne disparaîtra pas. Concrètement, le vote de ce jeudi revient à remettre les clés de l’évaluation dans les mains de l’exécutif ! Est-ce ce modèle que nous souhaitons pour la France ?

Cette décision inadmissible ferait de la France une exception inquiétante parmi les démocraties avancées. Tous les pays de l’OCDE ont compris l’importance cruciale d’une agence d’évaluation indépendante. Est-ce de cette manière que nous voulons nous démarquer ?

L’indépendance n’est pas un luxe bureaucratique

Ne nous y trompons pas : ce serait une mise en cause fondamentale de toutes les libertés académiques. Toute l’université