Il y a, dans le vacarme politique français, une grande absente : la question sociale. Les débats s’enchaînent, les polémiques éclatent, les stratégies se font et se défont au gré des sondages, mais la pauvreté, elle, demeure dans un silence assourdissant. Les politiques de solidarité, jadis au cœur du projet républicain, semblent aujourd’hui reléguées au rang de sujets secondaires, évoquées à la marge, comme une note de bas de page dans le roman tumultueux de la politique nationale. Pire : elles sont toutes menacées par les projets d’économies de l’Etat. Dans son discours de politique générale, Sébastien Lecornu n’a pas eu un mot pour la question sociale.
La France compte pourtant près de dix millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Ce chiffre, répété jusqu’à l’usure, ne provoque plus l’indignation qu’il devrait. Il s’est banalisé, comme si la misère faisait désormais partie du paysage. Les enfants qui dorment à la rue, les étudiants précaires contraints de recourir à l’aide alimentaire, les familles monoparentales qui renoncent à se chauffer : autant de réalités qui n’apparaissent plus