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tribune

La vie politique s’enlise et, à la fin, ce sont les pauvres qui trinquent

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Alors que près de dix millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté, les politiques de solidarité sont reléguées au rang de sujets secondaires, dénonce l’économiste Noam Leandri.

Lors de la collecte nationale de l'association les Restos du cœur, créée par Coluche pour les plus démunis, au siège à Vienne (Isère), le 8 mars 2025. (Romain Doucellin/NurPhoto. AFP)
Par
Noam Leandri, économiste
Publié le 15/10/2025 à 17h38, mis à jour le 15/10/2025 à 17h42

Il y a, dans le vacarme politique français, une grande absente : la question sociale. Les débats s’enchaînent, les polémiques éclatent, les stratégies se font et se défont au gré des sondages, mais la pauvreté, elle, demeure dans un silence assourdissant. Les politiques de solidarité, jadis au cœur du projet républicain, semblent aujourd’hui reléguées au rang de sujets secondaires, évoquées à la marge, comme une note de bas de page dans le roman tumultueux de la politique nationale. Pire : elles sont toutes menacées par les projets d’économies de l’Etat. Dans son discours de politique générale, Sébastien Lecornu n’a pas eu un mot pour la question sociale.

La France compte pourtant près de dix millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Ce chiffre, répété jusqu’à l’usure, ne provoque plus l’indignation qu’il devrait. Il s’est banalisé, comme si la misère faisait désormais partie du paysage. Les enfants qui dorment à la rue, les étudiants précaires contraints de recourir à l’aide alimentaire, les familles monoparentales qui renoncent à se chauffer : autant de réalités qui n’apparaissent plus