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TRIBUNE

La vieille rengaine inopérante du raccourcissement des vacances d’été

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Pour la ministre de l’Education Elisabeth Borne, de trop longues vacances se traduisent par des pertes de niveau pour les élèves les plus fragiles. Mais l’historien Claude Lelièvre rappelle que dès le Second Empire, elles duraient deux mois et demi.
Rentrée des classes à Saumur (Maine-et-Loire), le 2 septembre 2024. (Frédéric Pétry /Hans Lucas. AFP)
par Claude Lelièvre
publié le 23 janvier 2025 à 6h00

Lors de la déclaration de politique générale au Sénat qu’Elisabeth Borne a faite au nom de François Bayrou le 14 janvier, la nouvelle ministre de l’Education nationale a mentionné la volonté du Premier ministre de «lancer une grande concertation sur le temps scolaire». Le lendemain, dans le Parisien, elle s’est prononcée pour un raccourcissement des vacances d’été en arguant que «les coupures longues se traduisent par des pertes de niveau pour les élèves les plus fragiles».

En plein débat central et difficile sur la question budgétaire qui semble appeler sur d’autres sujets l’apaisement, la reviviscence de la question clivante du «temps scolaire», et surtout la focalisation sur le raccourcissement de la durée des vacances d’été, ne peuvent manquer de surprendre.

Historiquement, il est significatif que l’allongement progressif de la durée des vacances d’été n’a pas posé véritablement question, alors même qu’elles ont été finalement beaucoup plus longues qu’actuellement. Pour les collèges et lycées, sous le Second Empire, les grandes vacances commençaient le 15 août et finissaient le 1er octobre. A partir de l’établissement de la IIIe République, elles vont en plusieurs étapes débuter de plus en plus tôt dans l’année – et durer plus longtemps. De 1875 à 1912, on passe d’un mois et demi de vacances d’été à deux mois et demi, du 14 juillet au 1er octobre.

Les congés d’été sont plutôt courts en France

Pour les écoles primaires. la durée des vacances d’été passe en plusieurs étapes de six semaines en 1887 à