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TRIBUNE

L’arrêt de l’A69 révèle l’antagonisme entre droits de l’urbanisme et de l’environnement

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La biodiversitédossier
Alors que le code de l’urbanisme, qui a intégré la question environnementale dès 2001, atteint péniblement ses 680 pages en 2025, celui de l’environnement, n’en finit pas de gonfler avec ses 3 420 pages. Ne serait-il pas temps de les fusionner, s’interroge l’architecte urbaniste Albert Lévy ?
Le 27 février 2025, le tribunal a annulé l'arrêté préfectoral autorisant la poursuite du chantier. Ici, vue aérienne du chantier de l'autoroute A69 près de Puylaurens (Tarn) le 14 mars 2025. (Ed Jones /AFP)
par Albert Lévy
publié le 20 mars 2025 à 10h55

La décision du tribunal administratif de Toulouse d’arrêter les travaux de l’A69 Toulouse – Castres, le 27 février dernier, est, pour le moins, surprenante : sept ans après la déclaration d’utilité publique du projet et deux ans après le début des travaux, la justice se réveille, alors que 70 % du projet d’autoroute ont été réalisés, 300 millions d’euros sur les 450 millions d’euros du budget dépensés, deux tiers des ouvrages d’art construits, 55 % des terrassements effectués, le bitume prêt à être coulé. Mieux vaut tard que jamais, la justice a tranché, donnant raison aux opposants : le projet ne réunit pas les critères exigés de protection de la biodiversité et «les dérogations à l’interdiction de porter atteinte aux espèces protégées et à leurs habitats» sont illégales, de plus la «raison impérative d’intérêt public majeur» est non avérée et «les gains attendus de l’autoroute sont assez faibles».

Entre-temps, 316 ha d’espace naturel ont été détruits, dont plus de 22 ha de zones humides, 13 ha de forêt, 260 arbres, souvent centenaires, abattus, avec les espèces que ces milieux abritaient. Cette destruction de l’environnement est l’origine de la forte mobilisation et réaction des écologistes, avec le soutien d’experts du climat (comme Valérie Masson-