Magistrats, greffiers, avocats, fonctionnaires de la justice demandent à l’Etat plus de moyens pour s’occuper convenablement des justiciables. Car «tout se dégrade», écrit l’avocate pénaliste Laure Heinich. Dans un essai personnel intitulé la Justice contre les hommes (Flammarion), elle dresse le portrait d’une institution qui malmène les individus, «broie» les justiciables. La justice «ne fait plus de place aux hommes» : le nouveau tribunal de Paris, situé dans le XVIIe, est blindé et «ressemble à un centre commercial» avec «des salles d’audience minuscules et sans fenêtres, exploit architectural notable dans une tour de verre».
Dans chaque ville, les audiences en visioconférence se multiplient depuis le Covid-19. Epuisés, les juges n’écoutent pas – ou mal – les prévenus lors des comparutions immédiates. Ils jugent avec des automatismes ; les noirs sont davantage condamnés que les blancs. Nombreux sont les avocats à jeter l’éponge. Surtout les avocates : 40 % d’entre elles renoncent à ce métier après dix ans d’exercice.
Pour sa part, Laure Heinich n’envisage pas de ranger sa robe et elle remarque que, malgré la mauvaise santé de l’institution, la bonne volonté et la vaillance des uns et des autres, juges, avocats, greffiers, est toujours active. Ces derniers temps, elle a défendu certaines d