Le 7 octobre, les nouvelles commencent à circuler, mêlant confusion et inquiétude. Des messages tombent, accompagnés de vidéos de jeunes courant dans le désert. D’autres viennent d’un ami de Ramallah et montrent des roquettes s’élevant dans le ciel, sans savoir dans quelle direction. Je peine à comprendre ce qui se passe. Je vois une photo aérienne du checkpoint d’Erez, à Gaza, qui explose, des hommes en parapente franchissant des frontières, des clôtures arrachées. Les algorithmes de mon téléphone m’offrent une atmosphère de fuite et de changement sismique. Ironiquement, je travaille ce jour-là sur un rapport de 80 pages concernant les dispositions complexes mises en place par le gouvernement israélien et visant à contrôler l’entrée de ressortissants étrangers en Cisjordanie occupée. Et soudain, cette frontière disparaît.
Les frontières sont une horreur pour les Palestiniens, quels que soient les papiers d’identité qu’ils détiennent. Etre palestinien, c’est sentir que l’on n’est pas bienvenu. La confusion systématique du mot «palestinien» avec «terroriste» a, depuis des décennies, contaminé la perception de ces quelque 14 millions de personnes dans le monde. Le checkpoint d’Erez était la pire des frontières : j’ai lu des témoignages de jeunes filles fouillées et doigtées avec des gants en latex, j’ai vu la masse de corps palestiniens comprimés essayant de passer de l’autre côté. C’est un lieu où les patients atteints de cancer se voyaient refuser l’accès aux hôpitaux de Jér