Dimanche soir, nous avons assisté au saccage en direct des trois édifices emblématiques des institutions démocratiques brésiliennes : le siège du Congrès, celui du Tribunal suprême fédéral et le palais présidentiel du Planalto. Brasília, la capitale utopique voulue dans les années 50 par le président Juscelino Kubitschek, planifiée par l’architecte Oscar Niemeyer et l’urbaniste Lúcio Costa, premier ensemble urbain entré au Patrimoine de l’humanité en 1987, a été le théâtre du déchaînement haineux de plusieurs milliers de partisans de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Ceux-ci ont ainsi répondu aux appels fanatiques, relayés depuis des mois sur les réseaux sociaux, à refuser par tous les moyens le résultat qui a mené, démocratiquement quoique sur le fil, Luiz Inácio Lula da Silva au palais du Planalto pour son troisième mandat.
D’un dimanche à l’autre, le contraste est glaçant entre la prise de fonctions de l’ancien métallo le 1er janvier et les scènes désolantes du 8. Lula avait en effet choisi de se faire remettre le pouvoir par huit représentant·e·s de la société brésilienne dans toute sa diversité. Un garçon noir, une collecteuse de déchets, un homme atteint de handicap, le cacique Raoni Metuktire, un professeur, un ouvrier métallurgiste, une cuisini