Je me suis fait chier à avoir ce cancer. J’avais pourtant fait attention jusque-là. J’avais toujours fait du sport, fait attention à manger correctement, cuisiner, etc. Evidemment, de temps en temps des fast-foods, comme toute ma génération. Evidemment, parfois des écarts. Je ne suis pas moine bouddhiste après tout. Mon seul point en commun avec eux sera la coupe de cheveux durant quelque temps.
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Déjà par ces quelques lignes le cancer est injuste. Mais ce qui l’est encore plus, ce sont les traces qu’il laisse. Certaines et certains auront des difficultés à revenir au travail, à supporter les questions des autres, leur regard. D’autres ne retrouveront pas la joie de vivre, d’autres garderont des stigmates physiques incurables. Que sais-je… Moi, je traverse quelque chose que je n’avais pas prévu. Et le cancer est venu me frapper là où j’avais pris soin, depuis toujours, de m’investir : ma relation à mon corps. J’ai toujours été sportive. Sportive pour le plaisir, pour l’adrénaline, la performance, le collectif. Sportive parce que jouer et me dépasser physiquement ça me plaisait.
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Le cancer m’a enlevé ça. Il m’a enlevé ce rapport serein à mon corps. Il a flingué mon estime de moi au passage, et ce corps : j’ai pris 15 kilos en huit mois. 15 kilos. En huit mois. J’étais ferme, et sportive. Je ne le suis plus. Je me sentais bien. Ce n’est plus le cas.
Je ne l’ai pas choisi ! Je n’ai pas tout lâché ! Ce n’est pas moi ! Je n’ai pas changé de mode de vie. J’ai «juste» eu un cancer. Et il