L’anniversaire est passé inaperçu. Le 10 juillet 1974, une douzaine de jeunes énarques se réunissait afin de fonder un club de pensée : le Club de l’horloge (1). Cet événement, anodin à l’époque, prend aujourd’hui toute sa signification avec un Rassemblement national aux portes du pouvoir. Le Club de l’horloge a été, pendant des années, un formidable incubateur d’idées pour la droite et le FN-RN.
Les jeunes énarques de ce regroupement veulent constituer un club de droite, une «droite de droite» qui affirme ses valeurs, son histoire, son héritage idéologique. Il naît d’une rencontre entre des étudiants à Sciences-Po, hostiles à Mai 68 et regroupés au sein du Cercle Pareto, lié au Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (Grece).
Ils veulent donner une doctrine à cette droite jugée affaiblie après Mai 68. C’est bien au sein du Grece que se construit la socialisation politique des futurs dirigeants du Club de l’horloge, où ils s’imprègnent des thèses racialistes sur le monde indo-européen et l’inégalité biologique entre les hommes et entre les races. Ils rompront formellement avec lui en 1979, sans céder pour autant sur le socle idéologique centré sur la lutte contre l’égalitarisme.
Ils veulent une société hiérarchisée, inégalitaire et pure, car ils dénoncent un risque de «panmixie généralisée», de «caféaulaitisation» («on ne mélange pas des races comme on ferait du