Israël-Palestine. Un point douloureux pour la planète. Un point douloureux en beaucoup d’entre nous. Des familles entières qui disparaissent. Des deuils qui se pérennisent de génération en génération et transmettent en héritage violence et vengeance. En 1947, l’ONU a voté pour le partage de la Palestine en deux Etats. La création de deux Etats a répondu à la volonté d’un peuple sans terre ni Etat aspirant à un foyer protecteur après avoir subi le pire que l’histoire ait produit. Il a aussi créé un sentiment d’injustice pour l’autre peuple présent sur cette terre. Le droit s’est encore exprimé en 1967, fixant à nouveau les limites territoriales de ces deux Etats. Ce droit n’a toujours pas été respecté jusqu’à ce jour. Un droit sans sanction ni organe de sanction se contente de sa performativité et n’empêche ni la colonisation ni le terrorisme.
C’est ce que les Israéliens et les Palestiniens vivent aujourd’hui. C’est ce que toute l’humanité vit aujourd’hui car la guerre, la violence et la mort résonnent en chacun de nous. Ici, en France, nous nous déchirons, impuissants, parfois au cœur de nos foyers, sur la conduite à tenir, les mots à dire, face à l’horreur. Depuis juillet 2014 et la guerre de Gaza, les regards s’étaient détournés comme lassés ou résignés des injustices subies par les Palestiniens, dans la croyance aussi vaine que partagée que la sécurité reposait exclusivement sur le statu quo. Encore avant, le processus de paix marqué par les accords de Camp David ou les accords d’Oslo est mort d’une alliance de circonstance entre l’extrême droite Israélienne et le Hamas. Chez nous, la diabolisation par certains de toute critique contre la politique Israélienne – en particulier la demande de retrait des colonies illégales – a contribué à la fois à multiplier les comportements antisémites et à banaliser la singularité de sa lutte.
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Nous pouvons tous être autant meurtris par les morts des populations israéliennes et palestiniennes. Toutes les vies se valent, quelle que soit la façon dont elles sont fauchées. Expliquer l’enchaînement historique et militaire peut attendre que le sang ait séché pour éviter de sembler justifier les crimes.
Le camp de la paix est celui de tous
Quelle est notre responsabilité ? Refuser l’assignation à choisir un camp et considérer que le camp de la paix est le camp de tous. Qu’il n’est pas celui de la neutralité lâche qui favorise le plus fort, mais celui qui rend justice, celui qui continue de bâtir des ponts, celui qui ne perd pas l’essence même de nos valeurs dans le tremblement d’un monde qui vacille. Nous devons aussi garder les yeux ouverts : cela nous oblige à constater que dans notre pays les haines enflent, l’antisémitisme, hydre jamais éradiquée reprend de la vigueur. Au même titre que l’islamophobie, plaie toujours à vif, devenue fonds de commerce rance d’une partie du champ politique français.
Nous ne pouvons peut-être pas agir individuellement de manière décisive pour mettre fin à un conflit désormais enkysté dans les haines attisées par les extrêmes et par la faiblesse de la communauté internationale à faire respecter le droit par les gouvernements Israéliens mais nous pouvons agir pour lutter pied à pied ici contre la résurgence des haines.
Nous étions dans la rue le 10 novembre 2019 contre l’islamophobie et nous le serons également dimanche prochain contre l’antisémitisme, dans le même état d’esprit. En 2019, cela nous avait été reproché par certains au motif que des participants pouvaient ne pas être en accord avec les principes républicains. La présence annoncée dimanche, d’un parti politique qui a couvé le racisme et l’antisémitisme en son sein, ne nous empêchera pas de marcher. Le combat contre la xénophobie et contre tous les racismes ne se divise pas. Il ne doit pas faiblir face aux récupérations sordides que nous continuerons de combattre.
Notre responsabilité ici et maintenant, c’est de réclamer sans relâche, un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages et le retour d’une diplomatie exigeante au service de la paix et de la justice. Loin d’un idéalisme béat et faible, réaffirmer une radicalité humaniste est la seule voie de la justice et de la paix.