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TRIBUNE

Réforme des retraites : le Conseil constitutionnel n’est pas un juge de paix

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La vie politique est suspendue au verdict des «sages» ce 14 avril. C’est pourtant se tromper sur le rôle de cette institution qui n’est pas un arbitre des conflits politiques. Quelle que soit sa décision, la crise démocratique persistera.
Neuvième journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, à Paris, le 23 mars 2023. (Valérie Dubois /Hans Lucas. AFP)
par Bastien François, Professeur de science politique à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne
publié le 11 avril 2023 à 11h37

C’est peu dire que les juristes attendent avec impatience le verdict que rendra le Conseil constitutionnel le 14 avril, tout à la fois sur la réforme des retraites et la proposition de référendum d’initiative partagée (RIP). Tout le monde s’attend à ce que des dispositions, comme l’index ou le CDI seniors, qui n’ont rien à faire dans une loi de financement de la sécurité sociale – ce que l’on appelle des «cavaliers sociaux» –, soient censurées. Mais pour le reste, l’incertitude est grande, car il n’y a pas de solution évidente, surtout si le Conseil choisit de censurer l’un ou l’autre des textes qui lui sont soumis.

Pour ce faire, il devra se livrer à une interprétation assez «constructive» de la Constitution, et c’est cela qui retiendra l’attention des constitutionnalistes. Comment va-t-il s’y prendre pour répondre aux griefs des parlementaires qui l’ont saisi ? Va-t-il définir restrictivement l’objet des lois de financement de la sécurité sociale pour pouvoir affirmer qu’elles ne sont pas des véhicules adaptés pour une réforme d’ampleur des retraites ?

Les attentes des citoyens sont bien différentes de celles des juristes

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