Sur la photo de famille du post-#MeToo, beaucoup d’hommes ne savent parfois plus où se mettre. Devant, à côté, au second plan ? Ou carrément s’effacer ? Hommes et femmes seraient-ils devenus des adversaires, ou faut-il tenter de s’allier, et si oui, comment ? En s’inspirant du livre de la journaliste Giulia Foïs, Ce que le féminisme m’a fait, Libé donne la parole à ces hommes, écrivains, artistes, hommes politiques, hétéros ou homosexuels, qui racontent comment ils vivent leur nouveau rapport à la masculinité et au féminisme.
Mon enfance dans un village du Sud-Ouest avait, en apparence, tout pour être douce. Et pourtant, la violence de la machine viriliste l’a broyée.
Quand on grandit dans les années 80-90 et qu’on n’est pas un petit mec qui jure, qui tape fort dans la balle, qui arbore avec fierté les égratignures de ses bagarres couillues, quand on n’est pas le petit ersatz de virilité attendue, on se construit dans un terreau intime plus propice au féminisme que bien d’autres. Parce que, jusque dans notre chair, on fait l’expérience de tout ce qui déraille dans ce monde patriarcal.
Petit, j’étais ce garçon dissonance. Celui qui s’amuse avec les Barbie de ses sœurs, qui se réfugie dans le dessin et les livres, qui est fasciné par les belles robes, qui, à l’école, ne joue jamais au ballon avec ces autres petits gars, mais à l’élastique avec les petites filles, qui trouve que le maquillage des femmes, c’est beau, et qui ne comprend pas pourquo