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TRIBUNE

Le livre de Nicolas Bedos est tout simplement une imposture

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Violences sexuellesdossier
Lanceur d’alerte pour #MeTooGarçons, Stéphane Gaillard, juge que le réalisateur condamné pour agression sexuelle poursuit avec «la Soif de honte» une pure stratégie de reconquête. Et rappelle que #MeToo n’a pas besoin de récits de honte sublimée, mais soif de justice.
Nicolas Bedos a été condamné en octobre 2024 à un an de prison, dont six mois sous bracelet électronique. Ici, à sa sortie du palais de justice. (Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)
par Stéphane Gaillard, Lanceur d’alerte pour #MeTooGarçons, ancien directeur de casting
publié aujourd'hui à 6h00

Il est des livres qui tombent des étagères comme des aveux. Non pas ceux qu’on attend, pleins de franchise et de reconnaissance du tort causé, mais ceux, plus insidieux, qui s’érigent en récits de résurrection. Des livres comme la Soif de honte de Nicolas Bedos. Un ouvrage déguisé en confession, mais animé, dans ses veines les plus profondes, par une stratégie de reconquête. Un texte qui ne cherche pas à comprendre ses fautes, mais à reconfigurer son image. La honte devient un outil, un parfum vaguement noble, quand elle devrait être une épreuve silencieuse et transformante.

Il fallait bien que cela arrive : que les puissants, tombés de leur piédestal, inventent une nouvelle forme d’impunité — l’impunité littéraire.

Nicolas Bedos répond à la justice devant son miroir

Nicolas Bedos, condamné pour agressions sexuelles sur deux femmes, choisit de ne pas répondre devant elles. Il répond devant son miroir. Et ce miroir, il le publie. Car ce qui l’intéresse, ce n’est pas de rendre des comptes, mais d’en réécrire les termes.

Il nous demande de croire à sa douleur, à ses questionnements, à sa solitude. Il nous demande même de l’admirer, car il ose s’exposer. Mais à quoi bon