Le logement social au risque de la financiarisation
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L’idée que les marchés financiers peuvent être une solution pour répondre à la crise du logement social semble en passe de s’imposer. Elle menace pourtant d’accentuer les inégalités entre populations et entre territoires.
Le projet de loi de finances 2023 réduit la capacité des organismes HLM à investir dans la construction. Ici, Oasis Parc, à Lyon. (Pierre Antoine Pluquet/Hans Lucas)
par Matthieu Gimat, Maître de conférences en aménagement et urbanisme, université Paris-Cité, Géographie-Cités, Antoine Guironnet, Chercheur associé, Sciences-Po, Centre d’études européennes et de politique comparée (CEE), CNRS, Paris France et Ludovic Halbert, Chargé de recherches du CNRS rattaché au Laboratoire Techniques, Territoires, Sociétés (UMR 8134), université Gustave-Eiffel.
publié le 3 novembre 2022 à 16h45
«Une spéculation inédite transforme aujourd’hui les logements en actifs financiers (1).» C’est par ces mots que des élu·e·s de gauche ont récemment alerté sur une «financiarisation» à l’œuvre dans le parc de logements privés. Ce processus expliquerait la hausse des prix fonciers, qui exclut les classes populaires et moyennes des métropoles et complique la production de logements «abordables». En plus du dispositif de défiscalisation Pinel et de la présence d’Airbnb, des fonds d’investissement spéculatifs sont tenus responsables de cette inflation.
Mais l’action de ces fonds est l’arbre qui cache la forêt. Bien d’autres acteurs des marchés financiers s’intéressent à l’immobilier. De plus, le logement social et le logement intermédiaire (aux loyers plus élevés, mais qui restent plafonnés au-dessous des prix de marché) sont également concernés (