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TRIBUNE

«Le monde a besoin d’entendre ce que nous avons à dire à Gaza», par la journaliste Hind Khoudary

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Guerre au Proche-Orientdossier
La journaliste palestinienne Hind Khoudary, qui couvre le conflit à Gaza depuis un an, risque tous les jours sa vie pour documenter la brutalité qui frappe les Palestiniens. Et ne demande qu’une chose en retour: que le monde croie ce que racontent les reporters comme elle.
Des journalistes rendent hommage à l’un des leurs, tué dans une frappe le 3 novembre à Khan Younès. (Yousef Masoud /REA)
par Hind Khoudary, Journaliste indépendante à Gaza
publié le 9 octobre 2024 à 8h10

Dans un contexte où le conflit perdure depuis près d’un an, il est difficile de croire que la situation demeure aussi tragique et non résolue. Chaque jour semble être un véritable test d’endurance, et je consacre toutes mes forces à mettre un terme à cette violence, à sensibiliser, à partager la vérité et à défendre l’idée d’une fin au conflit.

Depuis le début des hostilités, j’ai consacré mon énergie à informer, à raconter des histoires, à poster et à plaider sans relâche pour ce qui ne peut être qualifié que de génocide. En tant que journaliste palestinienne, cette guerre m’a arraché tant de choses : mon cœur, mon esprit et même mon sentiment de sécurité. Chaque jour, avec d’autres journalistes, nous risquons nos vies pour relater au monde ce qui se passe. Nous mettons tout en jeu, y compris nos vies, afin que la voix des Palestiniens soit entendue et que la profondeur de la crise que nous endurons soit comprise.

La communauté internationale s’est appuyée sur nous. Depuis le premier jour, nous rapportons la vérité brute de la guerre : la souffrance, les luttes, l’horreur quotidienne que vivent les Palestiniens. Nous sommes sur le terrain, racontant les histoires qui doivent l’être, révélant une réalité que beaucoup ignorent ou choisissent d’ignorer. Pourtant, malgré notre rôle crucial, certains nous accusent de partialité, de travailler pour le Hamas, voire affirment qu’il n’y a pas de journalistes sur le terrain à Gaza. Ces accusations sans fondement sont aussi décourageant