La mer. Quand on entend ce mot, on imagine le Grand Bleu, un volume liquide, essentiellement vide, parsemé ici et là de bancs de poissons, de grands requins et de cétacés.
Les sciences contemporaines nous révèlent que notre imaginaire de la mer est vidé. La réalité invisible des milieux aquatiques est ailleurs, et elle est peuplée : un peu partout au fond des eaux, dans tous les océans du globe, depuis les faibles profondeurs tropicales jusqu’aux fonds glacés des océans polaires, il y a des écosystèmes vivants que nous avons longtemps ignorés – et ce sont des forêts.
Des forêts extraterrestres – très loin et très proches des forêts végétales que l’on connaît autour de nous sur la terre ferme. Les forêts terrestres sont faites d’arbres, des formes de vie immobiles qui fonctionnent ensemble et créent ainsi des écosystèmes en trois dimensions, qui transforment les conditions de vie des autres, et façonnent des habitats pour une grande abondance de vie.
Mais au fond de la mer, les organismes ingénieurs qui, en travaillant collectivement, rendent le monde habitable pour une étourdissante diversité de vie, ne sont pas des végétaux : ce sont des animaux.
Les forêts marines qui nous intéressent ici ne sont pas des forêts végétales, ce sont des forêts animales. Qu’elles soient faites de gorgones, d’éponges ou de coraux : il s’agit d’animaux, qui, comme nous, ont une bouche, un système nerveux, des muscles qui se contractent, et des sens pour percevoir le monde. Simplement, ils sont immob