Plus de 50 hommes violent une femme sédatée au cours d’un cérémonial macabre orchestré par le mari : personne en France, et même au-delà de nos frontières, n’a pu échapper au récit de cette barbarie. Et pourtant, rares sont les hommes exprimant leur révulsion. Leurs propos nous incitent plutôt, nous, les femmes, à rester extrêmement vigilantes. On peut les regrouper en quatre types de récit.
Tout d’abord, la majorité silencieuse, apeurée, inquiète, voire indifférente à cette affaire. Au mieux, elle murmure en douce des formules de déni : «Not all men, pas tous les hommes», dénégations qui émergent quand les hommes se considèrent accusés à tort : «Tous coupables». Alors, ils se défilent, ne veulent ni voir ni parler. D’autres, pour des accusations jugées anodines, rétorquent : «On ne peut plus rien dire ; on ne peut plus draguer». Mais cette politique de l’autruche témoigne de leur absolue méconnaissance de ce qu’est le sexisme et, plus précisément, le sexisme ordinaire, à savoir ces comportements qui délégitiment les femmes, les fragilisent, ces micro-agressions, récurrentes au travail ou dans la rue, sources de grandes souffrances. Faute de reconnaître qu’il existe une forme de continuum de violence entre ces micro-agressions et les actes des prédateurs sexuels, ils récusent tout et restent en retrait, sans comprendre que la mauvaise blague sexiste autour de la machine à café ne fait pas de l’homme qui la prononce un violeur potentiel, mais que cette ambiance sexiste