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TRIBUNE

Le procès Pelicot ou le silence assourdissant des hommes

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Si l’affaire Pelicot met en lumière plusieurs réactions, le seul récit qui vaille est encore à mettre en place : celui de la transition vers l’égalité hommes-femmes. Il y va de l’intérêt des hommes comme de celui des femmes, explique la spécialiste Brigitte Grésy.
Lors de la manifestation de soutien à toutes les victimes de viols et à Gisèle Pelicot à Paris, le 14 septembre 2024. (Aline Deschamps/Libération)
par Brigitte Grésy, ancienne présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes
publié le 16 décembre 2024 à 7h56

Plus de 50 hommes violent une femme sédatée au cours d’un cérémonial macabre orchestré par le mari : personne en France, et même au-delà de nos frontières, n’a pu échapper au récit de cette barbarie. Et pourtant, rares sont les hommes exprimant leur révulsion. Leurs propos nous incitent plutôt, nous, les femmes, à rester extrêmement vigilantes. On peut les regrouper en quatre types de récit.

Tout d’abord, la majorité silencieuse, apeurée, inquiète, voire indifférente à cette affaire. Au mieux, elle murmure en douce des formules de déni : «Not all men, pas tous les hommes», dénégations qui émergent quand les hommes se considèrent accusés à tort : «Tous coupables». Alors, ils se défilent, ne veulent ni voir ni parler. D’autres, pour des accusations jugées anodines, rétorquent : «On ne peut plus rien dire ; on ne peut plus draguer». Mais cette politique de l’autruche témoigne de leur absolue méconnaissance de ce qu’est le sexisme et, plus précisément, le sexisme ordinaire, à savoir ces comportements qui délégitiment les femmes, les fragilisent, ces micro-agressions, récurrentes au travail ou dans la rue, sources de grandes souffrances. Faute de reconnaître qu’il existe une forme de continuum de violence entre ces micro-agressions et les actes des prédateurs sexuels, ils récusent tout et restent en retrait, sans comprendre que la mauvaise blague sexiste autour de la machine à café ne fait pas de l’homme qui la prononce un violeur potentiel, mais que cette ambiance sexiste