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TRIBUNE

Le prochain gouvernement doit créer un ministère de «l’Intelligence artificielle»

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L’IA est en train de chambouler tous les secteurs économiques et sociaux, mais à la différence de beaucoup de nos voisins, la France a réduit sa gestion politique à un secrétariat d’Etat, s’alarment deux universitaires spécialistes du domaine.
Dans des serveurs d'IA plongés dans des cuves d'immersion. Ici dans l'HyperCube Sustainable Metal Cloud (SMC) de Singapour en juillet 2024. (Caroline Chia/REUTERS)
par Thierry Ménissier, directeur de la chaire «éthique et IA», Institut pluridisciplinaire d’IA-Miai, université de Grenoble-Alpes et Marius Bertolucci,, maître de conférences, université Aix-Marseille, auteur de «l’Homme diminué par l’IA»
publié le 7 août 2024 à 16h20

Alors que l’intelligence artificielle (IA) devient une priorité économique, politique et géopolitique, la France une fois encore doit faire appel à la force de son Etat, tant pour exister dans le concert des entreprises, que pour servir de modèle aux autres nations. D’une manière éthiquement ambitieuse, l’engagement de la puissance publique est nécessaire pour que l’IA serve l’idéal des Lumières au lieu de contribuer à son assombrissement.

La création d’un ministère dédié à l’IA comme chef d’orchestre des forces vives du pays s’impose pour garantir notre souveraineté technologique, appliquer des développements éthiques, assurer la sécurité des citoyens et jouer un rôle moteur dans l’innovation. Sans cela, comment entendre l’ambition du président Macron, qui a récemment déclaré que «la France a fait le choix d’être le pays leader en Europe sur l’IA» ?

Une dégradation incompréhensible

La France doit beaucoup de ses grandes réalisations technico-industrielles à l’intervention de l’Etat. L’IA et le numérique ne rendent pas obsolète ce rôle directeur de la puissance publique à l’heure de la 4e révolution industrielle. Les enjeux de souveraineté, rappelés par la récente panne