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TRIBUNE

Le seul intérêt de participer à une élection présidentielle, c’est de la gagner

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Gauche 2022 : le grand embouteillagedossier
Développer des stratégies électorales d’union n’empêche en rien de poursuivre les luttes sur le temps long, estime le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie. Pourquoi ne pas y réfléchir plutôt que brutalement en interdire la possibilité ?
Des militants de la «primaire populaire» devant le bureau d'Anne Hidalgo, parodiant une manif de droite pour protester contre la désunion des gauches, le 28 novembre, à Paris. (Amandine Ban /Hans Lucas via AFP)
par Geoffroy de Lagasnerie, Philosophe et sociologue
publié le 14 décembre 2021 à 11h33

Quelques heures après que Anne Hidalgo a proposé l’organisation d’une primaire de gauche, les deux principaux candidats, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, se sont empressés de rejeter cette idée. Animés par les mêmes automatismes mentaux, ils ont employé des arguments superposables : que ce n’était pas la bonne méthode, que le rassemblement était impossible car les programmes étaient trop différents et surtout que, si rassemblement il devait y avoir, c’était derrière eux qu’il devait s’opérer.

Mais face au constat de la faiblesse objective des forces progressistes, comment ne pas être saisi d’un certain effroi qu’une telle proposition ait pu être rejetée aussi rapidement et aussi naïvement ? Comment est-il possible que changer de stratégie paraisse à ce point inenvisageable ? Peut-on même ne pas ressentir de la colère en ayant l’impression que cette attitude traduit une transformation détestable de l’activité politique en finalité sans fin, comme si celle-ci se réduisait à un jeu interne au champ politique vidé de tout sens. Chacun des candidats semble prisonnier d’un contentement naïf d’être présent médi