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TRIBUNE

Le vélo, prince des villes

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Devant cette nouvelle force souveraine, l’automobiliste s’échauffe et le piéton tape du pied. Pour le professeur de philosophie et cycliste parisien Jean-Côme Chalamon, on assiste partout sur la route à un spectacle proprement nietzschéen qui montre le faible renforcé et le fort affaibli.
En 2019, à Paris, lors de la grève de la RATP. (Denis Allard /Libération)
par Jean-Côme Chalamon, Professeur agrégé de philosophie, enseignant à l'académie de Créteil
publié le 3 décembre 2022 à 7h24

La ville partout bruisse de la toute-puissance du vélo sur les routes. Cette puissance agressive se dissimule mal sous l’idée de «mobilité douce» ; elle se manifeste avec éclat dans le souverain mépris du cycliste à l’égard des lois établies – c’est-à-dire du code de la route. Devant cette nouvelle force souveraine, l’automobiliste s’échauffe et le piéton tape du pied. On aimerait voir tomber ce nouveau prince des villes. La rumeur gronde, mais la révolution n’aura pas lieu.

Petite silhouette vulnérable

La colère de l’automobiliste restera stérile ; il maugrée, mais sa protestation s’étouffe. Car il se sait déjà vaincu : son véhicule est trop puissant. Derrière son volant, en sûreté dans son habitacle, l’automobiliste pousse un moteur hybride de 195 kW, capable de passer de 0 à 100 km/h en moins de dix secondes. En ville, la voiture est toujours en excès de puissance. La voiture, donc, est une menace. Elle est trop forte : il faut l’affaiblir.

Ouvrez l’œil dans Paris : voici un piéton. Il cherch