Le vin naturel (1) se normalise, se banalise, il quitte les marges où l’avait relégué, par mépris ou par indifférence, l’establishment du vin, mais où il se trouvait en vérité fort bien : hors des circuits commerciaux habituels (grandes surfaces et autres chaînes de cavistes insipides), hors des appellations souvent bancales (avec leurs dégustations d’agrément débiles), hors des médias tradis, des guides bottins et autres grands salons soporifiques, il s’inventait et s’épanouissait. Ce rejet lui donnait de l’allure et du sens, mais surtout, il lui correspondait, en soulignant son engagement essentiel, son militantisme de fait – bref, sa politisation.
Car le vin naturel, en s’opposant activement à l’agriculture dominante et au triste vin dont elle accouche, est fondamentalement politique : rejeter en bloc les pesticides de synthèse (dont la France est toujours le premier marché en Europe), les additifs œnologiques, les circuits commerciaux, critiques et médiatiques faisant la part belle aux produits agro-industriels, vous place en effet d’emblée dans une posture d’engagement fort et, par principe, politique.
Cette politisation du vin naturel, historique, mais dont on peut situer les premiers éclats modernes au mitan des années 2000, lui a accordé une force inédite, un coup de projecteur