Alors qu’un sondage Ifop de mars 2021 soulignait que le terme «wokisme» était très peu connu en France, avec seulement 14 % du panel qui avait déjà entendu ce mot, la dénonciation d’une prétendue «idéologie woke» occupe de jour en jour une place plus grande dans l’espace médiatique et politique. Renvoyant à la nécessité de l’éveil aux injustices, d’abord face au racisme aux Etats-Unis, la sémantique autour du wokisme est devenue un moyen de discréditer les analyses et la dénonciation des injustices à partir du moment où elles ne concernent pas les inégalités économiques et sociales et /ou ne se limitent pas à la stigmatisation de comportements individuels déviants. La construction du wokisme comme un ennemi de la République et de la cohésion sociale et nationale justifie de mettre en scène une croisade où il s’agit de rien de moins que de défendre les valeurs de la République et plus universellement encore de sauver le monde en trouvant «un vaccin contre le wokisme», pour reprendre les mots de Pierre Valentin, étudiant en master à l’université Panthéon-Assas, rédacteur des notes de la Fondapol et codirecteur du pôle jeunesse du «Laboratoire de la République». Dans la note pu
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Le wokisme n’existe pas, mais il parle
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«Wokisme», le grand méchant floudossier
Manifestation en hommage à George Floyd, le 6 juin 2020 à Paris. (Stéphane Lagoutte /Myop pour Libération)
par Réjane Sénac, Directrice de recherche CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po – CEVIPOF
publié le 28 octobre 2021 à 9h30
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