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TRIBUNE

«L’Ecole est malade : M. Attal, prenez votre temps pour la soigner»

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Pour Sophie Guarise, professeure des écoles depuis vingt-cinq ans, le diagnostic est posé : l’Ecole est affaiblie. Mais pour dispenser les bons remèdes il faut prendre une année pour réfléchir à une refondation de l’Ecole en associant chercheurs, philosophes, enseignants parents d’élèves et médecins.
Gabriel Attal, le ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, lors de sa visite dans un collège sur le thème du harcèlement scolaire, à Paris, le 9 novembre 2023. (Bertrand Guay/AFP)
par Sophie Guarise, Professeure des écoles depuis vingt-cinq ans, et chargée de mission de formation à Montpellier
publié le 7 décembre 2023 à 11h14

En lisant votre lettre monsieur Attal, j’éprouve un mélange de lassitude, de colère et de tristesse. L’Education nationale est plus que jamais scrutée et auscultée par des sociologues, des chercheurs en sciences de l’éducation, des intellectuels de tous poils.

Un diagnostic est unanimement posé : l’Ecole est malade. Elle ne parvient plus à remplir sa mission de service public qui est de permettre à chacun, quel que soit son milieu d’origine, d’acquérir des savoirs et des compétences lui permettant de se construire un avenir et de s’émanciper socialement. Empêtrée dans des contradictions profondes, elle n’arrive plus à lutter contre ce qui l’affaiblit. Tiraillés entre des modèles idéalisés, certains passés «c’était mieux avant», d’autres lointains «c’est mieux ailleurs», et une réalité souvent décevante, les professeurs hésitent entre abattement et soif d’engagement. Pris en étau entre des injonctions contradictoires (faire toujours mieux avec moins), ils ont bien du mal à rester optimistes.

Quelques mois seulement après votre nomination au poste de ministre de l’Education nationale, vous semblez déjà avoir trouvé des solutions. Après la priorité mise dans la lutte contre le harcèlement, vous vous attaquez à un autre chantier, et non des moindres, celui de l’élévation du niveau scolaire.

Au chevet de l’Ecole

Mais avant de trouver les remèdes, avez-vous pris le temps de vous interroger sur les causes du malaise ? L’Ecole est affaiblie, d’une part, parce que ses usagers ont changé. Les «usagers», ce s