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Libération
TRIBUNE

L’économiste Michel Aglietta était une exception parmi les exceptions

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Le chercheur en science politique Nicolas Leron raconte l’économiste français, mort à l’âge de 87 ans, avec lequel il a écrit un livre. Son approche ouverte aux autres disciplines et son attention aux jeunes chercheurs étaient une rareté dans le monde académique.
Michel Aglietta lors d'une table ronde sur le thème "Quelle régulation financière pour restaurer l'utilité sociale des marchés ?" à Paris, en 2012. (Jacques Demarthon/AFP)
par Nicolas Leron, directeur de l’Institut François-Mitterrand et chercheur associé au Cevipof et à l’OFCE (Sciences-Po)
publié le 30 avril 2025 à 6h29

Michel Aglietta fit partie des rares économistes, et plus largement penseurs, ouverts sur les autres disciplines, fermement persuadés que leur science, en l’occurrence l’économie, ne saurait se constituer en science pure, autosuffisante et hermétique aux autres savoirs. De là la possibilité d’un dialogue intellectuel et humain riche, fécond et généreux, pleinement en prise avec les enjeux et les problématiques de la Cité. Mais il faut bien un lien ou un liant commun aux savoirs des sciences humaines, économiques et sociales afin de nouer la discussion transdisciplinaire : ce lien fondamental, c’est un certain primat du politique et des institutions humaines. Michel Aglietta, fondateur avec d’autres, dont Robert Boyer, de «l’école de la régulation», partageait cette conception de la science économique, intégrée au grand tout du social et des relations internationales.

C’est grâce à cette conviction profonde qui parcourt l’ensemble de son œuvre que j’ai eu la chance, la joie et l’honneur d’engager une relation intellectuelle et amicale avec Michel Aglietta à la faveur de la sortie de son livre Europe, sortir de la crise et inventer l’avenir (Michalon, 2014).