Michel Aglietta fit partie des rares économistes, et plus largement penseurs, ouverts sur les autres disciplines, fermement persuadés que leur science, en l’occurrence l’économie, ne saurait se constituer en science pure, autosuffisante et hermétique aux autres savoirs. De là la possibilité d’un dialogue intellectuel et humain riche, fécond et généreux, pleinement en prise avec les enjeux et les problématiques de la Cité. Mais il faut bien un lien ou un liant commun aux savoirs des sciences humaines, économiques et sociales afin de nouer la discussion transdisciplinaire : ce lien fondamental, c’est un certain primat du politique et des institutions humaines. Michel Aglietta, fondateur avec d’autres, dont Robert Boyer, de «l’école de la régulation», partageait cette conception de la science économique, intégrée au grand tout du social et des relations internationales.
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C’est grâce à cette conviction profonde qui parcourt l’ensemble de son œuvre que j’ai eu la chance, la joie et l’honneur d’engager une relation intellectuelle et amicale avec Michel Aglietta à la faveur de la sortie de son livre Europe, sortir de la crise et inventer l’avenir (Michalon, 2014).