Dans quelques jours, près de cinquante millions d’électeurs sont appelés aux urnes, à l’issue d’une campagne des législatives de moins de trois semaines. Le dimanche 7 juin au soir, la décision surprise du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale avait entraîné une forme de sidération collective. L’effet de choc a mis du temps à se dissiper, escamotant une campagne au cours de laquelle bien peu de sujets de dispute nationale ont réellement pu émerger dans le débat public.
Du côté des électeurs, la situation a produit une configuration inédite : un fort intérêt pour le scrutin (sur un baromètre de 0 à 10, 81 % des interrogés affichent un intérêt compris entre 7 et 10, ce qui accrédite l’idée d’une forte participation (sans doute la plus haute depuis les législatives de 2002), cumulé à un fort sentiment de trouble, lié à trois formes d’illisibilité : politique, émotionnelle et aspirationnelle.
Illisibilité politique, d’abord. Dans les entretiens qualitatifs réalisés ces derniers jours pour l’institut Destin commun, qui consistent à réunir plusieurs groupes de Français pendant deux heures pour les interroger sur leur perception du moment, une expression r