Cette campagne inédite met la démocratie à l’épreuve. Il y aurait beaucoup à dire sur la brutalisation qu’Emmanuel Macron a fait subir aux règles électorales, tout en restant dans le cadre des institutions de la Ve République : décider seul d’une élection dans des conditions qui empêchent les participants de véritablement faire campagne est une manœuvre typique des régimes les plus autoritaires. Cela renseigne sur le rapport à la démocratie d’Emmanuel Macron, mais aussi des institutions de la Ve République qui permettent de tels coups de force. Cependant, les partis politiques ont montré une remarquable capacité d’adaptation à l’urgence de la situation. Les recompositions et clarifications, que ça soit à droite ou à gauche, se sont effectuées en quelques jours à peine.
Très vite, trois blocs se sont dessinés. Les trois prétendent parler, comme il est normal en démocratie, au nom du peuple, et remporter ses suffrages. Mais par peuple, ils n’entendent pas la même chose, et cela dit beaucoup de leur rapport à la démocratie. Car prétendre représenter le peuple, c’est toujours aussi en proposer une représentation, c’est-à-dire une image. Qui en fait partie ? Comment s’organise-t-il ? Et, plus important encore en démocratie : ce peuple, comment agit-il ?
Raisonnables
Du côté du parti présidentiel, il n’y a pas tant un peuple à représenter qu’une population à gérer. Dans la plus pure tradition du libéralisme conservateur cher à François Guizot, Macron et ses partisans se considèrent comme les seu