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TRIBUNE

Les bouquinistes des quais de Seine ne sont pas qu’un souvenir

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Les boîtes mythiques couleur vert wagon ont su résister à la pandémie du Covid. «Seront-elles victimes des Jeux olympiques ?» demande le sociologue Vincent Chabault. Il est encore temps de ne pas faire disparaître ce qui fait partie du patrimoine parisien, à l’instar des entrées de métro Guimard ou des fontaines Wallace.
Un stand de bonquiniste sur les quais de la Seine vers Châtelet dans le centre de Paris, le 2août. (Camille Mcouat/Libération)
par Vincent Chabault, Sociologue et professeur à l’université Gustave-Eiffel à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne)
publié le 24 octobre 2023 à 16h55

Régulé depuis plus de quarante ans par la loi Lang, le commerce du livre neuf fait régulièrement la une de l’actualité et parfois pour de mauvaises raisons. Lors des confinements du printemps et de l’automne 2020, le critère contesté et contestable de l’essentialité avait provoqué la disparition du livre par la fermeture des rayons qui lui sont dédiés dans les grandes surfaces, lesquels étaient encerclés par de petites barrières ou emballés dans un film plastique digne des réalisations des plasticiens Christo et Jeanne-Claude. Un certain sens des priorités avait d’un autre côté assuré le maintien de la vente d’alcool et des jeux de grattage.

Trois ans plus tard, c’est au tour du livre ancien d’être conduit à disparaître en raison d’une réglementation discutable prise par la préfecture de police vis-à-vis de laquelle la mairie de Paris n’a pas cru bon de manifester son désaccord et ainsi soutenir les bouquinistes. En prévision de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, plus de 500 boîtes de livres sur le millier disposé le long de la Seine devront être démontées pour des raisons sécuritaires.

Rigidité des pouvoirs publics

Il suffit d’avoir flâné une seule fois autour de ces boîtes séculaires pour deviner que leur vétusté réduit les chances d’une réinstallation à l’identique après l’événement. Il suffit également d’avoir croisé une