Mesure phare de Gabriel Attal, les «groupes de besoin» seront appliqués à la rentrée 2024 dans les collèges. Censé répondre à la baisse de niveau, ce dispositif se révèle être une énième recette relevant plus de la pensée magique que d’une réflexion aboutie. Il témoigne, une nouvelle fois, que la politique scolaire répond avant tout à l’agenda politique d’un ministre et à sa «fiction» de ce qu’est l’Ecole. On invoque le «bon sens» là où il conviendrait de s’appuyer sur les travaux de ceux et celles, qu’ils soient chercheurs ou enseignants, qui consacrent leur temps à comprendre la complexité du projet scolaire dès lors qu’il s’agit de faire progresser le savoir pour tous les élèves.
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Le groupe de besoin est une fausse bonne idée, pour trois raisons principales : le recrutement des élèves, l’effet des pratiques d’aide, les conceptions sous-jacentes que ces propositions révèlent.
La «difficulté» en question
L’hétérogénéité des élèves n’est pas un problème en soi. Au contraire, elle est inhérente au projet d’enseignement. Dès lors qu’un professeur enseigne à un collectif, une répartition différentielle se crée, positionnant des «bons», des «moyens» et des «faibles». Cette répartition n’est pas tant dépendante des caractéristiques psychosociales des élèves que de la nature des savoirs en jeu et des modalités de leur transmission. Lorsqu’un enseignant débute une séquence d’apprentissage, trois scénarios sont imaginables :
Il vise un objectif trop simple ; tous les élèves savent faire et n’ont rien à apprendre.