«Nous sommes nos montagnes» : c’est le nom du monument le plus célèbre du Haut-Karabakh que les Arméniens appellent Artsakh et c’est la plus belle devise que je connaisse.
A la fin de Jean le Bleu, Jean Giono, que tout le monde connaît pour son pacifisme, écrivait : «S’il fallait défendre des rivières, des collines, des montagnes, des ciels, des vents, des pluies, je dirais : d’accord, c’est notre travail. Battons-nous, tout notre bonheur de vivre est là.»
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Les Arméniens ne se battent pas pour une nation, ni pour une religion, ils se battent pour des montagnes. Ils se battent pour survivre.
La plupart des défenseurs de l’Arménie rappellent que l’Arménie est le plus vieux royaume chrétien, et que les Azéris sont musulmans. Je ne crois pas dans cette vision huntingtonienne du conflit, comme si les chrétiens et les musulmans n’étaient pas capables de s’entretuer, ce qu’ils n’ont cessé de faire dans le passé et continuent à faire, au Yémen ou ailleurs. Cela ne m’intéresse pas de savoir qui est chrétien et qui est musulman, qui est juif et qui est bouddhiste.
Ce qui m’intéresse, c’est de savoir où est le plus faible et où est le plus fort. Où est l’agresseur et où est l’agressé. Je n’ai jamais accepté la loi du plus fort. Or la loi du plus fort, dans le Caucase du Sud, est en ce moment du côté des Turcs et des Azéris, détenteurs du gaz et du pétrole, quand l’Arménie, qui n’est que montagnes et cailloux, n’exporte qu’un peu de cuivre et de pierres semi-précieuses.
«Une infinie résistance au malheur»
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