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TRIBUNE

Les prisons débordent, et l’Etat les remplit encore

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La délinquance n’explose pas et pourtant le gouvernement ne cesse de renforcer les peines passibles d’emprisonnement, ce qui a entraîné une augmentation d’un tiers du nombre de détenus depuis quatre ans. Une politique inhumaine, s’insurge Prune Missoffe, responsable du plaidoyer de l’Observatoire international des prisons.
Le centre pénitentiaire de Luynes (Aix-en-Provence), en mai 2024. (Anthony Micallef/HAYTHAM. REA)
par Prune Missoffe, responsable des analyses et du plaidoyer de l’Observatoire international des prisons
publié le 9 août 2024 à 7h00

«Plus vite, plus haut, plus fort.» Cette devise olympique n’est plus circonscrite au champ sportif, car elle semble reprise de manière dramatique par les institutions répressives, sous la forme de «plus d’enfermement, plus de surpopulation, plus d’indignité». Alors que les prisons françaises sont inhumaines, fabriquent de l’exclusion sociale et échouent à prévenir la récidive, un nouveau record absolu a été battu au 1er juillet, pour le neuvième mois consécutif, avec 78 509 personnes incarcérées.

Concrètement, cela signifie que toujours plus de personnes sont soumises à des traitements inhumains ou dégradants, ou qu’elles y sont soumises pour une durée plus longue. Car loin des clichés trop souvent relayés de personnes «logées, nourries, blanchies» en prison, les conditions de détention sont majoritairement indignes. Plus d’une prison française sur quatre a déjà été condamnée sur ce motif (parfois à plusieurs reprises) par les tribunaux administratifs ou par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). L’Observatoire international des prisons (OIP) reçoit, au quotidien, de nombreux témoignages de cellules vétustes, insalubres et inf