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Les réactions sécuritaires ne régleront rien face aux meurtres perpétrés par des malades

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Une agression vient de coûter la vie à une infirmière du CHU de Reims. Pourtant depuis vingt ans, médecins, infirmiers et familles alertent sur la destruction d’une psychiatrie humaine et respectueuse des personnes en souffrance psychique et de leurs soignants.

Photo issue du projet d’Arnaud Chambon avec Diaphane au sein du Centre hospitalier isarien (Clermont-de-l’Oise) en 2018. (Arnaud Chambon)
Par
Hervé Bokobza
Psychiatre
Dominique Besnard
Psychologue, formateur (Cemea)
Marie Cathelineau
Psychologue clinicienne
Yves Gigou
Infirmier de secteur psychiatrique, cadre supérieur de santé
Paul Machto
Psychiatre honoraire des hôpitaux
Publié le 01/06/2023 à 11h37

Nous avons exercé en psychiatrie publique et privée pendant plus de quarante ans. Nous sommes en retrait de notre pratique institutionnelle depuis quelques années, et en ce mois de mai 2023, nous sommes atterrés !

Atterrés des réactions politiques et médiatiques en réponse à l’agression qui a coûté la vie à une infirmière et à l’agression d’une secrétaire au CHU de Reims ce 23 mai 2023.

Atterrés par la ritournelle des réactions sécuritaires qui ne régleront rien, qui n’ont absolument rien réglé en écho aux meurtres perpétrés par des malades dont le suivi est limité en général à des médications psychotropes.

Atterrés par la misère de la psychiatrie, maintes fois dénoncée depuis des décennies et admise publiquement depuis une dizaine d’années.

Nous accusons l’absolue inertie coupable des pouvoirs publics depuis des décennies. Nous, soignants, psychiatres, infirmiers, psychologues, formateurs, exprimons notre colère alors qu’il y a déjà une quinzaine d’années, nous avions suscité un soulèvement inédit de soignants en psychiatrie toutes professions rassemblées, des malades, leurs amis et leurs familles, des milliers de citoyens sensibles à la solidarité avec les plus souffrants et les plus démunis du pays.

Depuis trente ans, les mêmes constats cyniques d’une politique défaillante

Avec le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire et pour l’hospitalité à