Le 19 août 2022, Paul Auster participait avec une douzaine d’écrivains à un événement du PEN Club de New York intitulé Stand With Salman. Salman Rushdie avait été sauvagement poignardé une semaine auparavant. Paul se tenait sur les marches dans sa tenue noire habituelle, ses cheveux gris balayés en arrière, et lisait, avec beaucoup d’allant, les mots de Rushdie sur l’importance d’écrire des romans dans l’étroitesse empoisonnée de notre époque.
L’une des choses que Paul Auster a toujours défendues, c’est la capacité de penser concrètement et avec compassion, de manière contradictoire, au monde intérieur, afin de reconnaître également le monde plus large qui nous entoure. Nous devons comprendre les vies au-delà de la nôtre. Ouvrir les rideaux. Déverrouiller les positions des uns et des autres. C’est ce qui se passe, selon Paul, dans la nature labyrinthique de la narration.
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Je me souviens avoir lu ses premiers romans : j’avais l’impression qu’il avait fendu l’atome. L’atome était local, bien sûr, mais son effet était universel. Une rue de Brooklyn s’étendait au reste du monde.
Pour Paul, l’imagination éthique a toujours été primordiale. Dans l’esprit spinozien, tout ce qui est excellent est aussi difficile que rare. Ce qui donne de la lumière doit supporter