Dans quelques semaines je vais quitter la présidence de la Mutuelle générale de l’Education nationale (MGEN) et prendre ma retraite d’une vie entière consacrée à l’Education nationale, à la santé et à la solidarité. C’est donc en homme libre que je voudrais alerter sur les risques majeurs que fait courir la réforme de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires voulue par le gouvernement. Selon un modèle comparable à celui en cours dans les entreprises, les agents du secteur public pourraient demain être couverts par des contrats collectifs. Si l’intention est louable, elle remet hélas en cause à la fois les grands principes mutualistes mais également la solidarité intergénérationnelle tissée depuis soixante-quinze ans. Elle porte atteinte à la liberté de s’associer pour mettre en place des solidarités consenties.
Le but principal évident du gouvernement est de redonner du pouvoir d’achat par une véritable prise en charge par l’Etat employeur d’une partie de la couverture complémentaire santé. On ne pourrait que s’en féliciter… si cette mesure n’intervenait pas à quelques mois d’échéances électorales importantes mais après vingt années, marquées par la diminution relative du point d’indice des fonctionnaires qui a augmenté deux fois moins vite que l’inflation.
Surtout, les mirages du court terme éludent les enjeux du long terme. Cette réforme va bouleverser le modèle économique et la gouvernance démocratique des mutuelles et elle risque de fragiliser la protection