Aujourd’hui en France, 1,2 million de personnes vivent avec la maladie d’Alzheimer. Elles seront deux fois plus nombreuses en 2050. Cette évolution suit celle du vieillissement global de notre population. Si l’augmentation du nombre de personnes âgées est la conséquence directe d’une réussite collective de notre système de santé, il convient dès aujourd’hui de l’adapter à une société de la longévité.
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Les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer doivent pouvoir bénéficier de la meilleure prise en soins possible à l’hôpital. Un hôpital qui adapte son organisation pour accueillir, soigner et accompagner les personnes âgées et notamment celles vivant avec la maladie d’Alzheimer, est l’une des clés de cette adaptation.
Aujourd’hui, pour de nombreuses personnes âgées, l’arrivée à l’hôpital représente une rupture brutale de leur cadre de vie et une perte de leurs repères. C’est une source d’angoisse particulièrement importante pour les personnes âgées vivant avec la maladie d’Alzheimer pouvant avoir des conséquences délétères sur leur état de santé. Il en est de même pour de nombreux soignants, encore insuffisamment formés aux spécificités de cet accompagnement.
L’hôpital en dernier recours
Le parcours de soins et de vie d’une personne âgée vivant avec la maladie d’Alzheimer doit être repensé pour réduire et limiter les passages aux urgences comme les séjours hospitaliers évitables. Le développement des équipes mobiles et de leurs interventions sur les lieux de vie des personnes peut y contribuer. Par exemple, le CHU de Reims a mis en place une équipe mobile de chirurgiens-dentistes qui se déplace dans les Ehpad, avec une approche à la fois curative et préventive. En limitant des déplacements inutiles, souvent générateurs de stress pour les personnes qui présentent des troubles cognitifs, ce type d’actions permet très concrètement d’améliorer l’accès à la santé bucco-dentaire des personnes accueillies en Ehpad.
Lorsque les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer sont obligées de se rendre à l’hôpital, il est important que cela se fasse dans des conditions adaptées à leur situation. Cela passe par un accueil personnalisé, un environnement spécifiquement conçu ou aménagé pour elles, des professionnels sensibilisés ou formés à la maladie et la reconnaissance de la place centrale des aidants ou accompagnants.
A l’inverse, les situations de perte de repères et d’isolement sont des facteurs connus d’aggravation de la maladie dont il doit être tenu compte dans l’organisation de l’hôpital. En effet, des conditions inadaptées de prise en charge des personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer se traduisent notamment par des durées de séjour plus longues et des taux plus importants de réhospitalisation.
Dans des établissements de santé de toutes tailles, des démarches institutionnelles volontaristes sont engagées pour améliorer le repérage et la prise en soins des patients vivant avec des troubles cognitifs. Ainsi, le groupe hospitalier Saint-Vincent a créé une unité protégée d’hospitalisation pour les patients âgés souffrant de troubles psychocomportementaux. Cette unité est spécialement aménagée avec des espaces de déambulation, des lieux apaisants, des repères visuels et lumineux. Des interventions non médicamenteuses pour calmer ou stimuler sont proposées aux patients. Enfin, l’ensemble des équipes sont formées pour améliorer le parcours de cette patientèle spécifique. C’est aussi le cas du Centre hospitalier intercommunal de Caux Vallée de Seine qui a mis en place un accueil spécifique au sein de ses services d’urgences, d’imagerie et de médecine-chirurgie ambulatoire.
Un retour à domicile préparé et accompagné
Il est tout aussi essentiel que le retour à domicile soit préparé et accompagné. L’orientation vers une structure adaptée (soins de réadaptation ou Ehpad) ou la mise en place d’aides à domicile peuvent contribuer à limiter les réhospitalisations. Dans le contexte de tensions que connaissent de nombreux services hospitaliers, ces initiatives sont autant de leviers à actionner pour améliorer tout à la fois l’accueil des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et les conditions d’exercice professionnel des soignants. En favorisant une organisation et un parcours de soins adaptés, l’hôpital «Alzheimer Friendly» peut et doit être l’un des piliers d’une société plus inclusive des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer.